Comme avec d'autres personnages célèbres, j'ai imaginé
samedi dernier, après sa disparition que Christian Bobin nous donnait des
conseils Carrière :
- "A quoi
reconnait-on des gens fatigués ? A ce qu'ils font des choses sans arrêt"
- "Ce qu'on
sait de quelqu'un empêche de le connaître"
- "La joie
est la matière la plus rare de ce monde"
- "Faire
trop longtemps la même chose, au même endroit, à la même heure, cela rend
vieux"
- "Le professionalisme est une maladie qui vient aux gens par leur métier, par la maîtrise qu'ils en ont, qui les asservit"
- "Il y a des places qu'il faut laisser désertes. Il y a des actes que l'on ne peut faire sans être aussitôt défait par eux"
- "Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s'autorise, cette manière de coller sa respiration à la vitre des conventions"
- "Je n'aime pas ceux qui savent, j'aime ceux qui aiment"
- "L'intelligence n'est pas affaire de diplômes. Elle peut aller avec mais ce n'est pas son élément premier"
- "Le besoin de créer est dans l'âme comme le besoin de manger est dans le corps"
"Résister,
c'est respirer, prendre appui sur ce qui existe vraiment et ne pas donner la
moindre chance au nihilisme partout régnant. Résister, c'est s'appuyer sur
quelque chose qui existe. Et je pense que peut-être c'est paradoxalement
choquant, ce qui existe vraiment, c'est la bonté... La bonté, la lenteur, l'attention,
ce sont des choses qui ne sont pas marchandes, qui sont vitales pour chacun et
qui continuent d'être diffusées par des gens qui n'ont pas de visage, que l'on
ne connait pas forcément, qui sont ici ou là et qui sont les vrais piliers du
monde"
Christian
Bobin (1951-2022), Boomerang, 26/12/2019